Ma vision se détériore, dois-je en parler à mon employeur ?
Selon la loi, rien ne vous y oblige. Mais garder le silence, c’est prendre le risque d’aggraver votre situation et vous épuiser à mettre en œuvre des moyens de contournement de plus en plus lourds et stressants. Vous prenez également le risque de dégrader les relations avec vos collègues ou votre hiérarchie qui ne comprendront pas pourquoi il vous devient difficile d’effectuer certaines tâches ou missions et qui pourraient être tentés de remettre en cause vos compétences.
L’apparition du handicap peut être mal vécu, et c’est normal. Il vous faudra le temps de vous adapter à votre nouvelle situation, le temps de faire le deuil de votre vie d’avant, le temps de vous former à de nouveaux outils de compensation si nécessaire (outils de locomotion, outils numériques…)
Évidemment, votre crainte peut-être de perdre votre emploi pour inaptitude ou d’être stigmatisé en tant que personne handicapée. Ce risque existe, il ne faut pas le nier, notamment lorsque l’employeur n’a pas une politique RH sur le handicap très proactive, ou qu’il méconnait les aides et soutiens dont il peut bénéficier.
C’est pourquoi il est recommandé de consulter le médecin du travail : il va pouvoir identifier la nature de vos difficultés, tout en étant tenu au secret médical.
Lorsqu’il est lui-même bien sensibilisé aux situations de handicap, il peut jouer un rôle majeur dans la démarche d’aménagement de votre poste de travail ou de vos missions, avec votre accord.
Il peut informer votre employeur sur la situation, faire intervenir des experts techniques (ergothérapeutes, ergonomes, spécialistes en outils informatiques adaptés), coordonner les actions. Ensemble, ils analyseront la situation (espaces de travail, équipement, organisation du travail) et envisageront avec vous les solutions alternatives. Une fois ce bilan conjoint établi, le médecin du travail pourra proposer à votre employeur des ajustements, techniques et/ou organisationnels.
L’information de l’employeur quant aux conséquences du handicap permet d’installer un rapport de confiance et facilite la compréhension des aménagements nécessaires, qui ne sont pas forcément très importants. Par ailleurs l’employeur pourra solliciter l’appui de l’Agefiph ou du FIPHFP pour organiser le maintien dans l’emploi, vous proposer un autre poste compatible avec votre nouvelle situation, en cas d’inaptitude à l’ancien poste, ou envisager une reconversion professionnelle dans le cadre d’un reclassement si un maintien dans l’entreprise n’est pas possible.
Pendant cette démarche, vous pouvez également vous faire accompagner et conseiller par des associations spécialisées dans la déficience visuelle, comme l’association apiDV et son service actifsDV (actifsdv@apidv.org) qui vous accompagnera dans votre démarche de maintien dans l’emploi ou d’évolution professionnelle, ou encore l’association Valentin Haüy (www.avh.asso.fr), dont le pôle social pourra utilement vous conseiller dans vos démarches, notamment de déclaration du handicap, car, pour que votre handicap soit pris en compte, il faudra le déclarer, notamment à la MDPH (voir la question « A quoi sert la RQTH ? »).
Dans tous les cas, nous ne pouvons que vous conseiller fortement d’être proactif : c’est de vous dont il s’agit, c’est votre situation professionnelle qui est en jeu. Donc ne laissez pas d’autres acteurs décider pour vous !